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Présentation du projet

« RICERCAR, un cabaret nomade » est un concert élaboré autour de l’œuvre de J.S. BACH, « Une offrande musicale », BWV 1079. Il est imaginé en forme de cabaret dont les tableaux sont conçus pour favoriser le dialogue entre les esthétiques musicales : musique baroque et créations contemporaines, chants tziganes et chants des peuples San du désert du Kalahari. Exploration des territoires, aventure humaine ou quête existentielle ? La Compagnie du Pissenlit abolie les frontières entre musiques actuelles et musiques classiques, dont les motivations réciproques se confondent dans la simple recherche d’un plaisir esthétique partagé.

Emmanuel CHRISTIEN, NORIG, Miron ANDRES, Cédric LEBONNOIS

Le RICERCAR est une pièce instrumentale savante basée sur le principe de l’imitation, une forme ancienne du contrepoint. Les voix s’amusent à se répondre, parfois en canon. Ce mot, que l’on peut traduire de l’italien par « rechercher », porte en lui le germe du désir d’explorer, de l’envie de découvrir et de rencontrer. Il est l’une des sources à laquelle les artistes vont puiser l’inspiration pour orchestrer ce cabaret.

Chaque tableau est pensé comme une terre de jeu à parcourir avec curiosité. Dans cette aventure, la Compagnie du Pissenlit se fait nomade et dresse un pont entre les cultures. Une arche du haut de laquelle on aperçoit les rives du fleuve sur lequel navigue l’humanité. Elle recherche ce territoire à même de satisfaire sa curiosité et ses besoins. 

Les arrangements réalisés à partir d’enregistrements ethno-musicologiques des années 70, permettent aux musiciens d’accéder aux traditions orales des peuples San du désert du Kalahari. Pourquoi s’intéresser à ces peuples chasseurs-cueilleurs en particulier ? Parce qu’ils préservent, dans leur patrimoine génétique, la mémoire des plus anciennes lignées de l’humanité ; les études ADN récentes suggèrent que les San sont l’une des premières populations à se différencier du dernier ancêtre commun à tous les humains. Le mythe d’émergence primordiale qu’ils se racontent encore aujourd’hui se glisse naturellement dans les bagages des musiciens pour participer à la poésie du concert.

Sur le chemin, NORIG guide la troupe dans une relecture du répertoire des Tziganes d’Europe de l’est. Les chants des nomades ont imprégné les musiques classiques occidentales. Ils ont fasciné les compositeurs. La culture et le mode de vie tziganes ayant alimenté les fantasmes, leurs histoires ont circulé au fil des siècles sur toutes les tables des cabarets d’Europe.

Au cœur du paysage, BACH et sa musique, en humble offrande au monde. Il nous donne à entendre l’écho d’une manière savante de jouer avec les sons. Elle est intemporelle. Elle est la perfection d’un langage. Elle s’avance au-devant des autres, et nous transmet les qualités nécessaires à l’écoute de la variété des cultures.

Enfin, les créations contemporaines de Clovis LABARRIÈRE viennent mettre en résonance toutes ces façons particulières de chanter le monde et sert de terreau à un dialogue imaginaire qui s’installe entre les tables de ce cabaret nomade.

Les Symbioses sauvages

Pour les accompagner dans ce nomadisme musical, les musiciens convient sur scène un étonnant médiateur : le Blob ; cet extraordinaire organisme unicellulaire qui bouscule toutes nos certitudes sur le vivant. Par l’intermédiaire d’une scénographie vidéo, la scène se transforme en un espace propice au dialogue. Les images montrent les pérégrinations du Blob à travers les œuvres plastiques de Cédric LEBONNOIS, « LES SYMBIOSES SAUVAGES ». On le voit se lancer dans les tableaux en quête de nourriture, en déployant motifs et arabesques spectaculaires dans un environnement coloré créée par l’artiste. La vidéo forme un écrin de lumière, et installe sur le plateau l’intimité et les conditions favorables à la rencontre et au partage. « LES SYMBIOSES SAUVAGES » donnent alors à voir sur la scène la métaphore du mythe de l’émergence primordiale ayant servi à introduire ce concert.

Les pièces du programme ne sont pas jouées dans un ordre conventionnel, propre au concert, mais agencées librement pour former des tableaux variés, dans l’esprit d’un cabaret où peuvent dialoguer musique classique, création contemporaine, et musique du monde. La forme du cabaret, où se succèdent librement les tableaux, permet de lever les appréhensions qu’un public non initié aux musiques dites savantes pourrait nourrir. Elle permet également de proposer un spectacle flexible et adaptable à des lieux variés, salle de spectacle ou tiers-lieux. Le programme et le format de ce concert permettent ainsi d’aller à la rencontre de tous les publics.

Il y a, au Botswana, un trou si profond qu’on n’entend jamais la chute finale des pierres qu’on y lance. Au fond vivaient les premiers hommes et les premiers animaux. Ils manquaient de place et finirent par se quereller. Les animaux sortirent en premier, poussés par les hommes, qui se querellèrent aussi et sortirent finalement. Dans la grotte ils étaient immortels et n’avaient pas besoin de nourriture. Une fois dehors, devenus mortels, ils eurent faim et se dispersèrent de plus en plus loin à la recherche de nourriture.

Mythe d’émergence primordiale-San du Kalahari